Obésité : une maladie chronique incomprise l Interview
Source Le Mutualiste - une interview de Léa Vandeputte.
Interview l Aurélie Quillet est membre des conseils patients et opérationnels de la Ligue contre l’obésité. Elle est aussi psychologue, patiente experte, consultante en obésité et formatrice. La Ligue contre l’obésité s’emploie à changer la perception de l’obésité en informant sur les causes de la maladie et en luttant contre la grossophobie.
Comment est perçue l’obésité dans notre société ?
Aujourd’hui, la plupart des Français savent que l’obésité est une maladie chronique mais l’idée reçue qu’elle est due à une mauvaise alimentation, à une inactivité physique et à un manque de volonté perdure. On entend encore souvent que les personnes en obésité pourraient faire un effort pour maigrir, mais ce type de réflexion conduit à la stigmatisation et aux discriminations. L’obésité est liée à une prédisposition génétique et à une multitude de facteurs (stress, médicaments, composition du microbiote, perturbateurs endocriniens…). Elle altère le corps et la prise de poids en est un symptôme. L’obésité est donc une maladie en soi, pas une responsabilité individuelle !
Quelles sont les conséquences de ces stéréotypes ?
Les idées reçues sur les personnes en obésité qui seraient plus lentes, qui manqueraient de volonté ou seraient moins belles ou attirantes, conduisent à la stigmatisation. Nous le voyons dans le monde du travail par exemple où elles ont plus de difficultés à se faire embaucher. Le problème est aussi que l’on internalise ces stigmatisations. La personne en obésité va alors avoir tendance à penser que tout est de sa faute alors que c’est faux.
Notre environnement est, de plus, inadapté. Dans le domaine de la santé, par exemple, où les brassards de tension ou les IRM, trop petits, empêchent d’accéder aux mêmes soins que les autres. Ces stigmatisations renforcent l’idée que la société ne veut pas de nous.
Comment y mettre fin ?
La priorité est de faire comprendre que l’obésité est une maladie aux causes complexes. Il faut aussi arrêter de se focaliser uniquement sur l’alimentation et sur l’activité physique, mais plutôt promouvoir la santé globale pour aider les personnes à se sentir mieux et à devenir actrices de leur santé. Cela demande de l’investissement mais ça vaut le coup ! Et puis, il faut faire évoluer les représentations dans notre société en montrant la diversité corporelle, en faisant preuve d’inclusion, pour que chacun se sente représenté de manière positive.