Interview l Jacques Chiaroni, directeur de l'EFS PACA et Corse
Source : Le Mutualiste.
Interview l Jacques Chiaroni, professeur d’hématologie, directeur de l’Établissement français du sang (EFS) Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse. Nous connaissons tous les groupes sanguins classiques A, B et O, mais en réalité leur diversité est beaucoup plus grande et certains sont même considérés comme des sangs rares. Explications.
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Qu'appelle-t-on un sang rare ?
Un sang est rare quand sa fréquence est inférieure à 4 pour 1 000. Au-delà des classiques A, B, O positifs ou négatifs, il existe en fait 380 groupes sanguins différents dont 250 sont rares. Ces derniers sont précieux car en cas de transfusion sanguine, il faut trouver un donneur compatible avec le patient. En France, on estime que 700 000 à 1 million de personnes ont un sang rare.
Qui est concerné ?
Toutes les populations sont concernées car un groupe sanguin peut-être fréquent dans un pays et rare dans un autre. Par exemple, je suis rhésus négatif, ce qui est le cas d’environ 15 % des habitants de l’Europe de l’Ouest. Mais, si je me rends en Chine et que j’ai besoin d’une transfusion, cela peut être problématique puisque le rhésus négatif y est quasi inexistant. Les populations originaires d’Afrique sont celles qui ont le plus de chances d’avoir un sang rare. C’est lié au fait que l’homme moderne y est apparu depuis 250 000 à 300 000 ans (contre 70 000 ans en dehors de l’Afrique) et que plus une population est ancienne, plus la diversité génétique est importante. Les donneurs originaires du continent africain, de l’océan Indien et des Caraïbes sont donc très recherchés. L’enjeu, pour l’EFS, est que la diversité des donneurs reflète la diversité de la population française.
Comment savoir si l'on a un sang rare ?
Il est possible de le savoir à la suite d’un don réalisé auprès de l’Établissement Français du Sang, mais généralement, il faut effectuer une recherche lors de campagnes de détection spécifiques ou bien chez une femme qui a fabriqué des anticorps pendant la grossesse, par exemple. Par ailleurs, si nous savons qu’une personne a un sang rare, nous allons contacter ses frères et soeurs car ceux-ci ont une chance sur quatre d’en avoir un aussi. Nous enregistrons ensuite ces personnes dans un registre spécifique pour pouvoir faire appel à elles en cas de besoin. Nous pouvons également congeler les poches de sang, à la suite de leur don, pour pouvoir les conserver précieusement pendant plusieurs années.
Si vous hésitez à accomplir ce geste généreux, voici toutes les réponses aux questions que vous vous posez.
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